En 2018, le SSI Suisse est intervenu dans une situation très sensible. Deux enfants érythréens se sont perdus sur le chemin migratoire et ont été enlevés en Lybie contre rançon.
Madame Almadon*, la mère, est arrivée en Suisse il y a 5 ans, avec trois de ses cinq enfants. Toute la famille est érythréenne et titulaire d’une admission provisoire en Suisse. Fuyant des persécutions, elle a laissé deux enfants derrière elle. Ces derniers sont confiés à ses parents et à son jeune frère. Après deux ans, les enfants décident de partir à leur tour pour tenter de retrouver leur mère en Suisse.
Après de longs mois d’errance, ils arrivent dans un camp de réfugiés à Addis Abeba en Ethiopie. Informé de leur présence, l’oncle des enfants part les rejoindre. Leur mère fait alors une demande de regroupement familial en Suisse, afin que ses enfants puissent la rejoindre. La demande sera refusée par les autorités suisses car, selon elles, les conditions de vulnérabilité ne seraient pas remplies.
Profondément attristés par ce refus, les enfants, accompagnés de leur oncle, décident de rejoindre leur mère malgré tout. Ils prennent donc la route pour l’Europe, comme tant d’autres. Leur mère garde le contact avec ses enfants, ceci jusqu’à fin 2017, où elle le perd. A la frontière entre le Soudan et la Lybie, les enfants et leur oncle, accompagnés de passeurs, se font attaquer par des bandes armées. Le passeur est abattu sous leurs yeux.
Hannah et Mikael ne reverront plus leur oncle, enlevé également par d’autres hommes armés. Les enfants se retrouvent tour à tour entre les mains de plusieurs groupes armés. Chaque chef de groupe demande une rançon à leur mère, mais cette dernière n’a pas les moyens de la payer.
Comprenant sans doute qu’ils n’obtiendront aucun argent pour ces enfants, les ravisseurs finissent par les relâcher. Ils essaient alors de prendre la mer pour l’Europe avec d’autres migrants. Ils seront capturés par les gardes côtes libyens et enfermés dans un centre de détention pour migrants. La mère finira par être informée par téléphone que ses enfants se trouvent dans une prison.
Le SSI Suisse, en contact quotidien avec le HCR Libye et l’OIM, cartographie les lieux de détention officiels. Le SSI Suisse transmet également au HCR sur place un résumé de situation ainsi qu’une description des enfants et leurs photos.
A partir de ce moment, lors de chaque visite de centre de détention officiel auquel il réussit à accéder, le HCR cherche ces enfants.. Le SSI Suisse collabore étroitement avec le HCR afin que les démarches -pour obtenir un visa humanitaire des autorités suisses- aboutissent. Le SSI Suisse coordonne les différentes actions du HCR, en collaboration avec les autorités suisses, les autorités libyennes et les autorités tunisiennes, pour faire sortir les enfants de prison et organiser leur voyage en Suisse.
Un vol sur Tunis, puis Genève est finalement organisé. Les enfants retrouvent leur mère à l’aéroport, après de trop longues années de séparation..
Cette situation a connu une issue favorable grâce à la mobilisation du réseau international du SSI et à la collaboration constructive des différentes parties prenantes.
20 Minuten: Mutter sieht ihre Kinder nach acht Jahren wieder
* Noms et prénoms fictifs